Disparaitre ici à l'honneur à l'occasion d'un Cafécriture de Filigrane

Publié le par Elisabeth St Michel

Disparaitre ici à l'honneur à l'occasion d'un Cafécriture de Filigrane
Disparaitre ici à l'honneur à l'occasion d'un Cafécriture de Filigrane
Disparaitre ici à l'honneur à l'occasion d'un Cafécriture de Filigrane

Une petite sortie à la Voisinerie de Wazemmes pour Disparaître Ici ce dimanche 14 novembre à l'occasion du Cafécriture organisé par l'association Filigrane. 
L'occasion pour moi de lire quelques extraits du recueil.  
Merci à Marie-Paule Bonnart qui m'a permis la lecture à deux voix des MISS et à Denise Cassou pour sa lecture d'un extrait de la Citadelle. 

LA CITADELLE, un regard sur l'école qui n'est pas qu'un lieu de savoir et d'insouciance. Maria, femme de ménage, se retrouve enfermée dans l'école, devenue une véritable citadelle! 
EXTRAIT: 
Maria, les petits, elle les couve. Mère poule, une case dans laquelle on l'enferme, on a besoin de cases pour ranger les gens. Ou de cages. Les mères poules évoluent rarement en plein air. On n'est plus à la maternelle, Maria, ils sont en primaire, on vise l'autonomie, d'accord ? Mélissa met un d'accord assuré au bout de ses phrases comme une évidence. Mais elle n'a rien à dire à Maria qui, elle, n'est pas animatrice. Elle est juste là pour poser les plats, ramasser les assiettes et laver les tables.        
Mélissa, Pierre et Zahid occupent les enfants jusqu'à la sonnerie. Ils sont jaloux, parce que Maria rassure les mioches avant de les engueuler et qu'ils sont plus calmes quand elle est là. Elle leur raconte des histoires qui les font rire et même les petits caïds, le temps d'une blague, déposent les armes. Tu es trop coulante, a ajouté Mélissa en regardant Léonie. C'est des gosses qui manquent de repères ça, les enfants n'ont plus assez de coups de pieds au cul !
Après le repas, Maria a pris son seau et ses lavettes pour donner à la cantine cette odeur de détergent mêlée à celle de nourriture qui lui lève le cœur.  Quant à ses clés...

Elle a déjà réactivé plusieurs fois la minuterie du couloir, une succession de boules opaques fixées au plafond qui répandent dans l'air un brouillard bilieux. Assise sur le sol marqué des traces mouillées des semelles qui sont passées par là tout à l'heure, elle a vidé le contenu de son sac par terre. Elle en a déjà cent fois fait l'inventaire. Elle se relève, shoote rageusement dedans. Comme une baudruche, le sac s'échoue mollement contre la porte vitrée du bureau qui est juste derrière elle. Un rideau fantaisie empêche les indiscrets de se mêler de ce qui ne les regarde pas. L'intérieur abrite des armoires métalliques et une flopée de pochettes renforcées, de documents plastifiés et étiquetés, de classeurs, de trieurs, de dossiers suspendus, un massicot géant, un broyeur, une plastifieuse, des réserves d'agrafes, de punaises, de marqueurs indélébiles. De nombreuses grilles, plannings et notes de service ornent un pan de mur complet. Lui font face une reproduction du Caravage et une de Soulage. Deux plantes grasses et une lampe articulée finissent le décor. Un bureau digne des fictions allemandes du début d'après-midi. À l’extérieur, une affichette indique les heures de rendez-vous possibles. Madame Tamarée règne en maître ici

 

 

https://www.editions-harmattan.fr/livre-disparaitre_ici_nouvelles_elisabeth_saint_michel-9782343227672-68500.html

 

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