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Celles qui ...

Publié le par Elisabeth St Michel

Celles qui ...

celle qui a été sculptée et polie dans le granit, rose d’habit, noire d’humeur et d’humour, ciselant le verbe et léchant la formule, gardant ses distances avec le tendre, fondue dans le bloc rugueux dont elle est issue sans se laisser aller aux transports, sans prêter attention aux fissures amenées par le temps et l’absence, lézardes possibles pour parler de soi et ne plus rechigner au chagrin, celle qui sait, qui a fait des études et le fait savoir, qui cite, qui récite et a des références, qui subjugue l’assemblée de ses causeries omnipotentes et, d’un ton impérieux, impose le silence, celle qui prend la balle au bond et, dans une infinie soif de reconnaissance, attire la lumière, la concentre, brille, parle haut, parle fort, parle d’elle, a tant besoin de parler d’elle, celle pour qui la confiance est un yoyo facétieux enchaînant croche-pieds et pieds de nez, celle qui s’est diluée jusqu’à l’invisibilité et dont on a tracé les traits à l’eau en négligeant les pigments, aquarelle larmée, elle a cessé d’exister et sa voix ne porte pas, celle qui a été la proie, celle qui fait tache, que dans les cérémonies on ne sait où placer, pilier de bars mal famés et amatrice de bière, elle descend des brunes pression et son rire gras sonne comme une offense, celle qui a vu sa maison être bombardée puis brûler, l’épouse du médecin, réfugiée dans la cave avec les deux filles, et qui s’en est extraite en se saisissant de la main tendue par un Allemand devenu moins boche que les autres, groβ malheur Madame, la guerre, celle qui est toujours restée célibataire, ses amours n’étaient-elles pas scandaleuses, et le peu qu’on connaît de sa vie, sulfureux, celle qui s’est mariée sans amour pour devenir mère, a renoncé à quelque étude et n’a pas été très bonne autodidacte, qui a élevé ses enfants et ceux des autres, ceux des mères qui travaillaient à l’extérieur et qui déposaient leur progéniture tôt, alors que le ciel était encore enlacé dans les rumeurs de la nuit, celle dont il reste trois lettres postées d’Amérique où elle était partie tenter de faire fortune avec son homme, trois lettres haletantes et légendaires, exaltantes et passionnées, qu’est-il advenu de cette figure héroïque quand le courrier a cessé d’arriver, celle qui est morte de diphtérie alors qu’elle n’avait que huit ans et dont on ne saura pas où seraient allées ses préférences, serait-elle devenue icône ou pionnière, quelle voie aurait-elle ouverte, celle qui a été pensée mais pas conçue, regrettée mais pas pleurée

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Ton inséparable

Publié le par Elisabeth St Michel

Les quatre textes qui suivent ont été écrits durant l'été 2019, pour conjurer, contrer maladroitement un grand départ non préparé, une mort non annoncée...

Une boite métallique, fatiguée, usée. Une inséparable de toi. Disperser un peu de tabac, installer un filtre, une feuille, rassembler le tabac contre la fine toile de tissu. Rouler, maintenir, fermer, récupérer la cigarette. Toujours à portée de toi, Dans ta poche latérale, ta poche revolver, ton sac, ta sacoche, sur ton siège, ton établi, ta table de nuit, ton bureau, dans ta valise. Usée par tes paumes, par tes pouces. Éreintée de s'ouvrir, se fermer, se rabattre, ternie par le temps, la poussière, les fonds de pots de Pueblo que tu réunis quand la flemme se fait sentir de descendre au village.

Toujours au centre. Entre elle et toi, plus qu'une connivence, elle est une peau dont tu connais par cœur le grain. Ton geste est sûr, la boîte se cale entre tes doigts, la cigarette sort. Combien ai-je fait de tentatives, moi, avant de me familiariser avec le matériel ? Combien de tu m'en roules une petite suivi d'un laisse je vais le faire. Combien de cigarettes au filtre pendouillant, ou si serrées qu’elles étaient infumables ? Puis quelle fierté, bien dérisoire, avec le recul, j'en prends conscience, de réussir moi aussi l'opération ? Même en voiture, quand tu conduis, même au soleil, sous un tunnel, à contre-jour ou sans appui.

Ta boîte métallique, ta boîte à rouler, ton inséparable.

La toile ne tenait plus qu'à quelques fils, les minuscules charnières se plaignaient discrètement et disons-le, la boîte se déglinguait. Pourtant, l'essai que tu as fait de la remplacer, allant jusqu'en Belgique pour tenter de trouver l'identique a été un échec, la boîte brillante, toute neuve, au fin film plastique remplaçant la toile n'a pas fait long feu et a fini dans un tiroir.  La boîte usée, patinée, ternie est restée ton inséparable. Il a fallu commencer à la manipuler avec précaution, comme une vieille dame. Sur le couvercle les cinq lettres, RIZLA avaient encore de beaux jours devant elles. J'aurais aimé la conserver, cette boîte. Tant de toi s'y est inscrit, tes contemplations, tes méditations, tes marches, tes palabres sur la plage le soir venu, tes lectures, tes grands enthousiasmes. Mais quelle idée, de vouloir conserver de toi l'objet intime qui a sans doute contribué à t'emporter ? N'empêche, bêtement, elle me manque.

J'écris au passé au sujet de cette boîte alors que, si toi tu as disparu, elle est encore là, ses rides oxydées au repos à présent.

C'était ton objet intime, inséparable. Usé, patiné, terni et irremplaçable. Je l'associais au son de tes innombrables briquets. Au bruit du couvercle refermé succédait aussitôt celui de tes briquets, le plus souvent vides, que tu actionnais les uns après les autres et que tu utilisais parfois par deux, frottant les pierres l'une à l'autre jusqu'à l'étincelle. Enveloppe tactile, sonore et olfactive quand les premières volutes de fumée tournaient autour de ton visage. Ce n'est pas moi qui ai récupéré l'objet. Je t'y aurais retrouvée, y aurais plongé le nez, aurais réanimé des odeurs, des sensations, des gestes. Elle est une trace remplie d'empreintes de toi. Aurait-elle été, si je l'avais gardée, tricoteuse de souvenances comme j'en ai l'intuition ? Quelle ambivalence, quand j'y pense. Je m'attendris sur un objet pourvoyeur attitré de poison.

 

 

 

C'est un objet témoin. Une simple boîte à rouler des cigarettes. Oxydée, usée par le temps, par la vie rude du campo, par la poussière, par juste la vie. Un objet simple, astucieux, et celui qui en a inventé le mécanisme a dû s'en féliciter. Elle requiert moins d'habileté que pour rouler le tabac entre les doigts comme font certains. Et elle sert aussi de boîte de transport. Un peu de tabac d'avance, quelques filtres, un paquet de feuilles et on peut s'en aller et avec soi, avoir de quoi tenir deux ou trois heures. Elle trônait partout où tu étais, même à l'hôpital où elle a cessé, définitivement, de servir et un peu à la fois, de t'intéresser. Sont venues, entre la boîte et toi, quelques semaines d’indifférence.

C'est une boîte que j'ai toujours connue, je veux dire connue en même temps que je t'ai connue, toi. Une boîte devenue vieille, et à laquelle je m'étais attachée, comme on s'attache à ce qui entoure les gens qu'on aime. Une boîte à rouler des cigarettes, rien d'extraordinaire. Usée, fatiguée, ayant rempli sa mission. Un objet venimeux, que je garde pourtant côté cœur. Elle sera malgré tout vecteur de transmission et restera la boîte de. Ta boîte. Un objet témoin, un objet intime, usé, fatigué par tes paumes, par tes pouces. Ton inséparable. Elle traversera encore des années de nos années, à nous, les vivants.

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Ces blancs dans le texte

Publié le par Elisabeth St Michel

Ces blancs dans le texte

Quitter la côte au café Esperanza                  tourner à gauche               monter                     dépasser la maison du chevrier                 la propriété des Anglais                        l’ancien moulin        la casa de Adolf y su hermana                    lunettes de soleil           les murs sont d’une blancheur éclatante       le cimetière et les trois bancs            plus haut            la loma del niño perdido                 des visages burinés qui regardent le temps                      longtemps        le tunnel                 repère                   lieu de rendez-vous                   passer sous l’autoroute          quitter le macadam pour la terre                    chemin de terre           éviter les ornières     les pierres qui ont roulé        
 laisser la voiture  cahoter en seconde    tout est si familier           les lapins détalent               traverser le rio déshydraté
monter encore               la voiture rechigne un peu             dernier virage serré               vue sur mer                et sur cette ferme en ruine                  
qui câline le regard                voilà la chienne                ta chienne       affairée          même si elle traîne un peu la patte                    
en haut du petit escalier de pierre bordé de fleurs, c’est chez toi                  ce chemin                  je le refais souvent                 tant et tant                 mentalement                    je ne l’emprunterai plus                               chez toi               arriver chez toi                                        se quitter un jour et savoir toi et moi               dernière fois                  l’espace d’un regard                 la terrasse                       retraverser la terrasse         la maison                   se retourner vers la maison                faire un signe que tu ne vois pas                   trop de fatigue                     et ces blancs dans le texte.             

 

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Aller simple pour l'infini

Publié le par Elisabeth St Michel

Aller simple pour l'infini

Les blancs, dans le corps du texte, se sont accumulés jusqu’à former barrage à la décidée de tes chemins. Celui auquel tu adjoignais volontiers un possessif: mon chemin, philosophique, spirituel et curieux, explorant avec gourmandise les possibles, est devenu illisible. L’artère de pierres et de poussières, bordée d’oliviers et de manguiers, l’artère si familière qui conduisait chez toi a laissé la place à une série de blocs inintelligibles. Quant à ce tapis rouge que tu déroulais sur la carte, ce grand voyage qui t’habitait et transcendait tout -sentais-tu que la vie te lâchait pour mettre, dans sa préparation, autant d’énergie,  ces kilomètres aux côtés d’un âne, élu, préparé, équipé, entrainé, il a chaviré quand, dans ton grand espace mental, tout a commencé à aller à vau-l’eau.
Tout s’est barré de blanc, tout s’est barré tout simplement. Sidération violente, impuissance, chagrin confus, intuition de l’absence à venir et d’un compte à rebours. C’est la première hypothèse , les blancs, tous ces blancs, ceux aussi de la clinique et
des grands silences qui ont suivi, s’étalent encore, font tâche neigeuse, opaque et capturent tout dans le texte, ils en mangent le moindre fragment, jusqu’à
la ponctuation, devenue sans objet, ils s’en repaissent jusqu’à rendre copie blanche, sans commentaire, sans début et sans suite. Une page de garde trop personnelle, des interlignes trop laiteux, alignés et solidaires, pour accoucher d’un livre.
Dans le texte, les silences se délitent, l’encre blanche n’est pas monolithique, tu
détestais l’immobilisme et les arrêts sur image, trop longs, que l’on fait parfois sur soi. Tu y voyais du nombrilisme, voire de la complaisance -nom de Dieu, il me fait froid, cet imparfait- tu pataugerais, toi, sans hésiter, dans l’encre blanche, tu la brasserais résolument pour lui donner couleur et sens. Tu en ferais une aventure et laisserais à
distance l’intime. C’est la seconde hypothèse. Tu le fais, ce voyage, je pars avec toi, discrètement, juste pour ouvrir des guillemets là où tu aurais posé tes traces, pour t’offrir des exclamations et un récit possible. Tu es en avant, comme toujours. Les
paysages se dévoilent au fil de tes étapes et ne te déçoivent pas, l’âne est gourmand et fidèle. Ton pas est assuré, régulier, tu trouves chaque soir où bivouaquer. De concert, piaffent sabots et semelles. Les mots se rapprochent les uns des autres, franchissent les fossés laissés par les cases vides. Des phrases nouvelles se constituent, ton visage se
reforme là où il avait fait naufrage. S’il ne se raconte pas, le voyage s’invente. Tu étais friande d’imaginaire, de parcours rêvés et délestés du poids de la raison.
La troisième hypothèse est le big-bang du texte qui explose et retourne à l’univers qui te faisait de l’oeil. Tu ne craignais pas la mort, l’autre rive, pour toi, c’était un retour au monde minéral, végétal et cosmique. La mue produit des particules infinitésimales. Les mots, les lettres n’y ont aucun sens, chronologie, effets de style, métaphores et effets poétiques sont vains, il n’y a ni monologue ni conversation, ni début ni fin. Il ne sert à rien d’y pousser la langue dans ses retranchements. Le récit est non verbal, sensoriel, fait de signes et de perceptions, détaché de la logique et du souci de cohérence. Elle te raconterait à la perfection, cette narration-là, odyssée muette et flamboyante, remontant de l’air, de l’eau et du feu, remontant de la terre et déchiffrable en tout lieu et à chaque instant. C’est celle qui te séduirait le plus et celle que je conserve.
Une quatrième  hypothèse ne serait qu’un pâle jeu
de miroirs.

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Un pied devant l'autre

Publié le par Elisabeth St Michel

Tu es en avant, le chemin est poussiéreux, sec, mes chaussures sont déjà couvertes de la poudre brune qui forme un nuage à notre passage et redescend en bruine volatile alors que nous avons à peine entamé notre balade de 10 kilomètres vers Macharaviaya et, à chaque pas, s'impriment les empreintes striées de mes semelles, tu es en avant comme toujours, nous suivons le sentier qui part de chez toi et qui n'est pas avare de raidillons, de cailloux, de chardons et de vues plongeantes sur les oliviers, les amandiers et la Méditerranée, ce sentier craquelé, lézardé (lorsque la pluie tombe, elle dévale et ravine, affouillant la terre sans ménagement), rude, traversant des terres arides qui grillent littéralement en été et deviennent rousses ; tu es en avant, ton âne chemine à tes côtés, tu l'as choisi comme compagnon de route pour rallier la France depuis l'Andalousie ( ton départ est pour bientôt, aujourd'hui ce n'est qu'un minuscule entraînement), ton âne, qui s'arrête à l'instant pour s'enfiler quelques gousses de caroube qu'il arrache aux branches basses des arbres ou qu'il ramasse au sol, balayant de ses naseaux un fin gravier qui s'éparpille.

On est loin du sol moussu, herbeux de ta Wallonie natale, des ruisseaux qui capitalisent l'humidité, des pluies qui gorgent la terre d'eau et la rendent lourde comme une promesse fertile, loin des champignons à glaner et des herbes folles derrière lesquelles on se cache et batifole, on est loin des sous-bois, de l'humus, des fougères, des mares et de la vase, non ici c'est le sud, la chaleur qui irise jusqu'au cœur, c'est la tache d'ombre que, les yeux rivés au sol, je cherche en vain.

Tu es en avant, le sol est blanc ici, le chemin fait de dalles carrées, d'un assemblage irréprochable, une géométrie imparable, de longs alignements parallèles qui forment des corridors qu'il n'y a plus qu'à suivre, les rares enfants s'amusent à marcher sur les traits rectilignes constitués par les joints ou à sautiller d'un carreau à l'autre, rien n'est laissé au hasard, les dénivelés sont des marches d'escaliers et la végétation est artificielle, rien qui pique ni salisse, rien qui respire, ne trottinent ici que des chaussures de ville (parfois on aperçoit des tongs), des crocs d'infirmiers et d'aide-soignants aux antipodes des sabots asiniens, des roues et des roulettes ; c'est un accès froid, une piste de céramique déployant à l'infini des nuances de blanc, des plinthes impeccablement posées, une demi-lune, d'un ton un peu plus soutenu (un blanc cassé ou légèrement rosé peut-être), tente d'attirer l’œil, comme un essai de fantaisie au centre d'une petite esplanade ; tu es en avant, la piste mène à ta chambre, lorsqu’on en franchit le seuil, le sol est rigoureusement identique, ce sol qui s'est tout à coup joué de toi, se dérobant sous tes pieds, perdant son horizontalité, devenant flou et indéchiffrable et qui a cessé d'être un ancrage au point de te mener ici.

 

 

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Le bal des crabes

Publié le par Elisabeth St Michel

Ce texte m'a été très librement inspiré par la récente affaire qui a vu une enfant de 11 ans considérée comme consentante lors d'une relation sexuelle avec un homme de 28 ans. 

Je le dédie à beaucoup d'enfants, que je connais, que je ne connais pas et à des adultes qui portent en eux leur histoire, des années après.

 

 - Accusée, levez-vous.

 

La petite sursaute. Assise sur une chaise trop haute pour elle, ses pieds ne touchent pas le sol. Elle se lève. Son inconscient s'apprête à lui jouer un mauvais tour mais, bien sûr, elle l'ignore. Il se croit aujourd'hui au tribunal. Il va exceller dans sa spécialité : poser des nœuds et tordre le réel.

Des pensées insouciantes se glissent dans l'esprit de la petite. On parle en elle tandis qu'elle s'échappe. Elle aimerait essayer son nouveau vélo, peut-être manger une crêpe au chocolat pour le goûter.

 

- Cette enfant vient d'avoir neuf ans. Pendant des années, aucun problème ne s'est posé à elle et tout s'est déroulé sans accroc dans sa vie. Jusqu'à une rencontre, il y a quelques mois, dans son entourage proche, rencontre qui aura, sans nul doute, sur son existence, une influence qu'elle ne peut mesurer aujourd'hui.

 

La petite rêve. S'il fait beau, dimanche, on ira à la mer. Peut-être qu'on pourra se baigner, se laisser ballotter dans les rouleaux. Et puis, avec la pelle et le râteau, construire un donjon, des tours, un fossé qui se remplira d'eau quand la marée montera.

 

- L'enfant s'est laissé séduire. Elle a contribué à satisfaire les besoins affectifs et sexuels d'un des adultes en qui elle avait le plus confiance, en ayant la naïveté de croire que, par lui, rien de mal ne pouvait arriver. Elle s'est laissé prendre dans ses filets. L'adulte le lui a dit, « ils sont bien tous les deux, non ? »

 

Oui, il le lui a dit. Et elle l'a cru.  Elle ne savait pas que ce n'était pas bien. Il le lui demandait toujours gentiment. Mais déjà, c'est oublié. Elle songe à sa voiture à pédales, le plus beau cadeau qu'elle ait eu. Demain, au retour de l'école, elle arpentera fièrement les allées du jardin. 

 

- L'enfant accepte tout d'abord le sceau du secret qui lui est demandé. En effet, en aucune façon elle ne doit parler de ce qui se passe entre l'adulte et elle. C'est une règle absolue. Parler, dit l'adulte, c'est à coup sûr interrompre le jeu qui les lie. A l'abri des regards, on s'embrasse, les mains glissent sous les vêtements, on soupire, on est complices. Tous les deux. Rien que tous les deux. 

L'enfant parle pourtant un jour.  Elle raconte les faits. Une oreille attentive est alertée. Il faut en dire un peu plus. La petite raconte calmement.

Je t'avais demandé de ne rien dire a sermonné l'adulte, soudain privé de plaisir parce que l'enfant n'a pas su tenir sa langue !


Elle n'aurait pas du en parler. Elle a fait de la peine à cet homme familier quand il a compris qu'elle l'avait trahi. Il l'a grondée et a été déçu par le peu de confiance qu'il pouvait lui faire. Elle ne pourrait plus l'avoir pour elle toute seule a-t-il dit.
La petite s'enfonce en elle-même. Son cœur se dépêche de faire ses valises pour des contrées oublieuses. L'effacement de tout la caresse des yeux. Au fond d'elle, la petite mécanique subconsciente est active et, sans recul ni intervention extérieure, elle fait fausse route dans sa recherche du coupable.

 

Dans sa tête, le grand débat se fait à son insu. Son entourage, n'a pas évoqué avec elle ce qui s'est passé. Pensant ainsi la protéger, il a refermé le couvercle. C'est pour cette raison qu'elle est sans témoin et sans avocat.

On se penche, alors qu'elle s'assoupit , sur la manière dont elle devra réparer sa faute. On évoque les séquelles engendrées par la dérive dans laquelle elle est impliquée.

L'enfant, elle, a terminé d'enfouir les faits dans des zones de souvenirs non disponibles avant longtemps.

Ses jambes pendent de nouveau de la chaise trop haute sur laquelle elle s'est réinstallée.

 

A la question, l'enfant est-elle coupable, il a été répondu oui.

La voilà condamnée à vivre avec une culpabilité, de manière plus ou moins consciente, pendant un temps qui débordera largement sur sa vie d'adulte. Elle croira peut-être qu'elle a une dette à payer et qu'elle doit réparation. Un jeu de dupes dont elle sortira perdante.

 

Pour l'instant, elle se retourne dans son sommeil. Les notions de bien et de mal, les rapports de force adulte enfant n'ont pas de réalité dans son tout jeune esprit. Dans ses mains, du sable chaud qu'elle laisse filer, inlassablement et qui la chatouille. Elle n'a aucune conscience des petits crabes qui circulent autour d'elle.  

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rendez-vous au musée de plein air de Villeneuve d'Ascq

Publié le par Elisabeth St Michel

Dimanche 14 mai, retenez bien cette date!
Le musée de plein air de Villeneuve d'Ascq organise une journée
"LIVRES AU JARDIN
www.enlm.fr/sites/enlm/home/agenda/musee-de-plein-air/livres-au-jardin.html

A cette occasion, je serai présente au mini salon du livre qui y sera organisé avec Captifs, Putain de dimanche et l'Hôtel des Possibles.
J'animerai durant cette journée deux courts ateliers d'écriture ( 45 minutes chacun environ) pour les personnes qui voudraient s'essayer à une proposition sympa et ludique! Ateliers de découverte gratuits! 

Plus d'infos très bientôt sur le blog et sur la page Facebook. 

rendez-vous au musée de plein air de Villeneuve d'Ascq
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L'hôtel des possibles a rendez-vous avec ses lecteurs

Publié le par Elisabeth St Michel

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Des nouvelles de l'hôtel

Publié le par Elisabeth St Michel

Des nouvelles de l'hôtel

L'été est passé et il est temps de remettre L'hôtel des Possibles en lumière...

La gazette de Lille du mois de septembre m'y aide grandement en faisant un petit coup de projecteur sur le bouquin. Version papier si vous êtes lillois ( la Gazette est un journal trimestriel gratuit ) ou en version numérique que je vous invité à découvrir...

http://lagazettedelille.fr/journal/flipbookgazette_n_20/index.html

L'article est en page 21

Le livre est distribué par mes soins. Pour vous le procurer, vous pouvez remplir le formulaire contact de ce blog ou me retrouver sur ma page facebook.

https://www.facebook.com/babsaintmichel/

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Toujours disponibles....

Publié le par Elisabeth St Michel

 

 

L'HOTEL DES POSSIBLES aux éditions du Riffle

Jean-François, personnage, délaissé par son auteure, erre dans un univers ubuesque. Il se délecte d'un recueil de pensées négatives. 
Disponible sur demande au prix de 17€. 

 

PUTAIN DE DIMANCHE 

Paru en 2012 aux éditions du Riffle, PUTAIN DE DIMANCHE est un recueil de nouvelles. 18 fenêtres ouvertes sur des destins plus ou moins chahutés par la vie.

Sur demande 12 €

 

 

 

CAPTIFS

Mon premier roman et premier livre, paru en 2010. Histoire d'un rat de laboratoire qui a son interprétation du milieu des hommes. Une satire fantaisiste du monde du travail. 14€50

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